L’erreur
L’erreur est fondamentale à toute pratique et à notre existence
viparyayo mithyā-jñānam atad-rūpa-pratipattir viparyayaḥ
“L’erreur est une connaissance fausse, la perception d’une chose comme étant autre que ce qu’elle est réellement.” Nyāya Sūtra 1.1.16
Exemple : percevoir de l’argent au lieu d’une coquille de nacre.
doṣāḥ pravṛtti-nimittam
“Les défauts (doṣa) sont la cause incitatrice de l’activité (pravṛtti).” Nyāya Sūtra 1.1.18
Bien que les défauts ne soient pas listés, nous pouvons considérer les ṣaḍripu comme faisant partie des doṣa entre autres.
Le Yoga Sūtra (1.6) liste 5 fluctuations mentales (vṛttis) dont viparyaya :
pramāṇa-viparyaya-vikalpa-nidrā-smṛtayaḥ
“Les vṛttis sont : pramāṇa – connaissance juste, viparyaya – connaissance erronée (illusion), vikalpa – imagination, concept pur sans réalité, nidrā – sommeil (état de vacuité consciente), smṛti – mémoire (empreintes mentales).”
L’erreur signifie une cognition inversée, dont les sources peuvent être multiples (défauts internes, mauvaise mémoire, traces mentales passées qui déforment l’observation actuelle -saṃskāra…).
En jyotiṣa, l’erreur est temporaire mais cyclique (par l’impact des transits et daśas). L’influence de Rāhu, Ketu et Śani notamment sur la Lune et Mercure peut impacter notre discernement (Buddhi).
Pourtant, l’erreur est l’oeuvre de Devī.
yādēvī sarvabhūtēṣū vṛttirūpēṇa saṃsthitā
namastasyai, namastasyai, namastasyai namōnamaḥ || Devī Māhātmya 5.27“Hommage, encore et encore, à la Déesse qui réside en tous les êtres sous la forme du changement ! Salutations, salutations, nous la saluons encore et encore.”
Ainsi, la faute n’est ni un châtiment, ni une punition mais une forme de Devī. L’erreur (tout comme le doute, la faim, la soif…) ont leur place dans le jeu de la Vie : Līlā.
Lorsque l’on reconnaît que l’inexactitude fait partie du jeu de l’existence, nous reconnaissons Devī, puisqu’elle est Mahāmāyā, la Grande Illusion.
Cette réalisation dissipe toute forme d’erreur car elle apporte la connaissance libératrice du Soi Suprême.
yogaś citta-vṛtti-nirodhaḥ (YS 1.2)
“Le yoga est l’arrêt des vṛtti, des mouvements de la conscience.”
