Saṃśaya, le doute
Selon le Nyāyasūtra, le doute naît de 5 facteurs :
1. Sādṛśya
Doute causé par la ressemblance entre deux choses.
“Est-ce un serpent ou une corde ?”
2. Anekārthatva
Lorsqu’il existe une multiplicité de sens ou d’interprétations.
“Banc : de poissons, siège, formation géologique ?”
3. Saṃśayakāraṇa-jñāna
Lié à des faits contradictoires.
“J’ai vu cette personne mentir mais aussi dire la vérité.”
4. Pramāṇa-sāmya
Deux hypothèses apparemment égales.
“Le feu pourrait venir de la cuisine ou de l’atelier.”
5. Smṛti-virodha
Quand ce que l’on perçoit semble contredire ce qu’on a déjà connu.
“Je crois avoir garé ma voiture ici, mais elle n’y est plus. Suis-je sûr de ma mémoire ?”
Dans ce contexte, le doute est une étape légitime et nécessaire permettant l’investigation rationnelle des circonstances mais surtout de l’esprit.
Toutefois, les Yogasūtras considèrent le doute comme l’un des neuf obstacles (antarāyaḥ) qui perturbent l’esprit (citta) et gênent la pratique du yoga.

Mais le doute est également forme de Devī
या देवी सर्वभूतेषु संशय रूपेण संस्थिता ।
नमस्तस्यै नमस्तस्यै नमस्तस्यै नमो नमः ॥Yā Devī Sarvabhūteṣu Saṃśaya Rūpeṇa Saṃsthitā
Namastasyai Namastasyai Namastasyai Namo Namaḥ
“À la Déesse qui réside dans tous les êtres sous la forme du doute (saṃśaya), salutations à Elle, salutations à Elle, salutations à Elle encore et encore.” Devīstuti
Ainsi, le doute peut être vu comme un processus de raffinement de l’esprit. Il permet de tester nos quatre instruments de connaissance (pramāṇa) : pratyakṣa (perception directe, ce qui est vu, entendu, senti…), anumāna (inférence logique : indices), upamāna (comparaison) & śabda (témoignage verbal fiable).
Du doute émerge Buddhi (la sagesse).
“Le doute, la mauvaise compréhension, la compréhension correcte, la mémoire et le sommeil, déterminés par leurs fonctions respectives, sont considérés comme les caractéristiques distinctes de l’intelligence.” – Śrīmad Bhāgavatam 3.26.30
Mais le doute peut aussi bien être un obstacle (douter de soi, de la source digne par exemple).
Il retire alors le force, la vigueur (la persévérance dans la pratique et dans la foi) : vīrya.
