Navarātri

Ce 22 Septembre 2025, la fin de Pitṛ Pakṣa annoncera le début des festivités d’Ashvin Navaratri, les 9 nuits de la Déesse.

Les trois premiers jours seront dédiés à Kāli, puis à Lakṣmī et les 3 derniers jours à Sarasvatī.

9 formes de la déesse sont également honorées

Śailaputrī/ Lune Candra/ fille de la montagne
Brahmachāriṇī/ Mars Maṅgala/ l’étudiante
Candraghaṇṭā/ Vénus Śukra/ Celle qui possède une demi-lune en forme de cloche (l’heure de la plénitude)
Kuṣhmāṇḍā/ Soleil Sūrya/ La courge (celle qui est vide dans la présence); la Yoni
Skandamātā/ Mercure Budha/ La mère de Skanda/Kārttikeya (Dieu de la guerre); égo divin et pouvoir de l’armée divine
Kātyāyanī/ Jupiter Bṛhaspati/ Une femme d’âge moyen, au foyer, vêtue de rouge
Kālarātrī/ Saturne Śani/ La nuit noire; la terrible
Mahāgaurī/ Rāhu/ Celle qui est clair; la puissance contrôlée
Siddhidātrī/ Ketu/ Celle qui donne les siddhis (l’accomplissement)

De nombreux chants dévotionnels en l’honneur de la Déesse sont extraits du Devīmāhātmyam, lui même tiré du Mārkaṇḍeya Purāṇa. 13 chapitres et 700 versets à la Gloire de Śakti.

Aussi connue sous le nom de Caṇḍikā, elle est la Déesse de la Vérité et de la Justice qui est venue sur Terre pour l’établissement du Dharma.

L’adjectif caṇḍa signifie “féroce, violente, cruelle”, ici à l’égard des démons.

Mais qui sont ces démons ?

MadhuKaiṭabha : la dualité, la louange/la critique, l’illusion et l’arrogance
Mahiṣāsura : les désirs changeants et multiples
Ciksura et Camara : les désirs et aversions
Śumbha : “Je”
Niśumba : “À moi”
Canda : la passion
Munda : la futilité
Dhumralocana : la confusion
Raktabīja : la fausse identification

Navarātri, Jour 1 – Śailaputrī

Śailaputrī est l’une des manifestations de la déesse-mère Durgā.

Elle est la première Navadurgā vénérée au cours du premier jour de Navarātri, et est une réincarnation de la déesse Satī. Elle est également connue sous le nom de déesse Pārvatī.

Son nom signifie “fille de la montagne” ou “rocher”. Elle est la fille de Rāja Himavān de l’Himālaya.

La déesse Śailaputrī est représentée avec deux mains et a un croissant de lune (candra) sur son front.

Elle tient un triśūla (trident) dans sa main droite (représentant les 3 guṇa) et une fleur de padma (lotus) dans la gauche (symbolisant la beauté, la pureté et le non-attachement).

Elle monte Nandī, le gardien de Kailāśa, la demeure de Śiva, représenté par un taureau (force et immobilité).

Elle est la Devī du chakra racine – Mūlādhāra, qui, au réveil, commence son ascension.

Ainsi, le 1er jour de Navarātri, les yogis gardent leur esprit concentré sur le Mūlādhāra cakra. C’est le point de départ de la discipline spirituelle.

Śailaputrī est la Mūlādhāra Śakti (l’énergie racine) à réaliser à l’intérieur du Ātman (le Soi), permettant de rechercher des profondeurs plus élevées dans notre méditation yogique.

C’est le rocher spirituel d’où le monde entier tire sa force.

Associée à la Lune, Śailaputrī aide Candra dans la thème astral.

Mantra : oṃ aiṃ hrīṃ klīṃ śailaputryai namaḥ

Navarātri, jour 2 – Brahmacāriṇī

Brahmacāriṇī est le nom du deuxième aspect de la déesse Durgā. La déesse est vénérée le deuxième jour de Navarātri.

La déesse Brahmacāriṇī porte des vêtements blancs, tient un japamālā dans sa main droite et un kamaṇḍalu dans sa main gauche – symboles de la simplicité et de la dévotion.

Brahma signifie “le seul Esprit existant en soi, la Réalité Absolue, le Soi Universel, la connaissance sacrée”.

Cāriṇī est la forme féminine de cārin, “celui/celle qui se comporte, suit, s’engage, pratique”.

Le mot brahmacāriṇī dans les textes védiques désigne une femme qui poursuit la connaissance religieuse sacrée, dévouée à son maître, vivant avec lui et ses disciples. Elle est tapas : le feu de la discipline et de l’effort qui nous guide sur notre chemin spirituel.

Il est dit que, pendant sa pénitence pour avoir Śiva comme époux, la Devī passa 1000 ans en suivant un régime de fleurs et de fruits (parfois uniquement des feuilles de Bilva), puis 100 autres années avec des légumes à feuilles, dormant sur le sol. Et cela pendant les étés brûlants et les hivers rigoureux. Son courage, sa volonté et sa force lui amenèrent Śiva.

Śrī Brahmacāriṇī nous invite à la pénitence, au jeûne, à l’austérité. Elle nous propose de nous engager dans une conduite exemplaire – celle qui nous conduit à la libération.

Navarātri, jour 3 – Caṃdraghaṇṭā

Devī Caṃdraghaṇṭā est la forme mariée de Devī Pārvatī.

Elle est vénérée le troisième jour de Navarātri.

La Devī monte sur un vyāghra (tigre, symbole de pouvoir).

Elle porte une lune semi-circulaire (candra) sur son front, ressemblant à une cloche (ghaṇṭā). D’où son nom : Candra = lune, Ghaṇṭā = cloche.

Elle est représentée avec daśa-bāhu (dix bras), portant :

•Dans ses mains gauches : triśūla (trident), gadā (masse), asi (épée), kamaṇḍalu (pot d’eau sacré), et garde la cinquième main gauche en varada-mudrā.

•Dans ses mains droites : padma (lotus), śara (flèches), dhanuḥ (arc), et un japa-mālā ; la cinquième main droite en abhaya-mudrā.

Cette forme de Devī est paisible, mais toujours prête pour la guerre avec toutes ses armes.

On dit que le son de la cloche (ghaṇṭā) de la lune (candra) sur son front expulse tout type d’esprit loin de ses fidèles.

La Devī nous protège par sa śakti et nous invite à la paix, à la tranquillité.

Navarātri – jour 4, Kuṣmāṇḍā

Kuṣmāṇḍā est la dévī qui a le pouvoir et la capacité de vivre à l’intérieur du sūrya.

L’éclat de son corps est aussi lumineux que celui du sūrya. Elle fournit la direction et l’énergie au sūrya, et est donc reliée au deva sūrya. Elle offre en plus santé et richesse.

Elle est vénérée le quatrième jour de Navarātri.

Kuṣmāṇḍā est également connue sous le nom d’Aṣṭabhujā Devī. On pense que tout le pouvoir d’accorder les siddhi (pouvoirs magiques) se trouve dans son japa-mālā.

Il est dit qu’elle créa l’univers entier avec son sourire.

À l’époque où l’univers n’était qu’un vide empli de ténèbres, il n’y avait aucune indication du monde nulle part.

Mais alors un rayon de lumière divine (qui existe toujours) se répandit partout, illuminant chaque recoin du vide.

Cette mer de lumière était informe.

Soudain, elle commença à prendre une forme définie et finit par ressembler à une devī, qui n’était autre que la déesse Kuṣmāṇḍā elle-même.

La naissance de l’univers se produisit alors grâce au sourire silencieux de la déesse Kuṣmāṇḍā.

C’est elle qui produisit l’aṇḍa cosmique (l’œuf primordial).

Son sourire chassa l’intégralité des ténèbres et forma ainsi une nouvelle création de l’univers.

Navarātri, jour 5 – Skandamātā

Skandamātā est la cinquième forme de la déesse Durgā.

Son nom vient de Skanda, un autre nom pour le dieu de la guerre Kārtikeya, et Mātā, qui signifie “mère”.

Elle est la mère de Kārtikeya, le dieu de la guerre. Kārtikeya est représenté avec 6 têtes et est associé aux 6 étoiles de Kṛttikā (Pléiades). 6 têtes permettant de satisfaire les 6 femmes qui voulaient prendre soin de lui et le nourrir.

La Śakti de Kṛttikā est : le pouvoir de brûler et de purifier. On l’associe à Agni, avec qui le dieu de la guerre est souvent représenté.

Elle est la Devī qui récompense ses fidèles du salut, du pouvoir, de la prospérité et des trésors. Elle peut accorder des océans de sagesse.

Skandamātā possède l’éclat du soleil (comme Kṛttikā Nakṣatra) et accomplit tous les désirs de ses dévots. Celui qui lui est dévoué de manière désintéressée atteint tous les accomplissements et les trésors de la vie.

Vénérer Skandamātā purifie nos cœurs.

Elle est associée à Maṅgala (Mars) et représente le feu éternel (Tejas).

Cette 5ᵉ forme nous invite à la justice, au courage et à retrouver notre force. Elle est notre capacité d’action, notre honnêteté et nos barrières saines.

Navarātri, jour 6 – Kātyāyanī

Kātyāyanī est la 6ᵉ forme de Durgā.

Elle est considérée comme la tueuse du démon tyrannique Mahiṣāsura.

Une histoire raconte ainsi :

“La Devī fut appelée pour combattre Mahiṣāsura, que ni Brahmā, Viṣṇu ni Śiva ne pouvaient vaincre. Quand le démon vit la beauté de la déesse, il la demanda en mariage. Elle lui dit que cela n’était possible que s’il arrivait à la battre. Mais Kātyāyanī vainquit le démon et rétablit l’ordre, l’harmonie.”

Kātyāyanī est représentée chevauchant un siṃha (lion), symbole de force et de pouvoir. Elle a quatre mains : une fleur de lotus et une épée dans ses mains gauches, et ses mains droites en Abhaya Mudrā et Varada Mudrā.

Elle est la Devī qui enlève les obstacles, nous aide dans nos relations, notamment les mariages. Elle enlève la peur de l’engagement et ouvre nos cœurs à l’union. La Devī enlève le voile de l’ignorance, nous fait faire face à nos démons. Kātyāyanī nous libère des karman de nos vies passées.

Son pouvoir est de transformer ce qui doit l’être et de nous libérer de nos maux. 

Navarātri, jour 7 – Kālarātrī

La déesse Kālarātrī est vénérée le septième jour de Navarātri.

Elle gouverne Śani Graha – la planète Śani (Saturne). Śani représente les obstacles et la maladie ; il est un excellent enseignant car il connaît les lois du Karma.

Le teint de la déesse Kālarātrī est kṛṣṇa varṇa (noir foncé) et elle monte un âne (gardabha). Elle est représentée avec quatre mains : ses mains droites sont en Abhaya Mudrā et Varada Mudrā, et ses mains gauches portent une épée (khaḍga) et un crochet de fer (ankusha).

Son apparence inspire la crainte. Cette forme de Durgā détruit toutes les entités démoniaques, fantômes, esprits maléfiques et énergies négatives, qui s’enfuient en pressentant son arrivée.


La première partie de son nom est kāla.
•Kāla signifie principalement temps, mais aussi noir – la première création avant la lumière elle-même. Le temps, tel que perçu par les ṛṣi (sages), est le cadre où tout se déroule : la trame de la création.
•Rātri signifie la nuit.

Ainsi, Kālarātrī est la personnification de la nuit et du temps destructeur. Cette forme nous enseigne que la vie comporte aussi un côté sombre – la violence de Mātṛkā (Mère Nature), qui englobe la mort et la destruction.

Elle nous rappelle le karma auquel nous devons faire face. Tout comme Śani, elle nous aide à dépasser les obstacles en affrontant nos peurs et nos doutes.

La Devī nous invite à l’introspection dans nos parts d’ombre. Elle nous propose aussi de nous relier au sens profond de la vie, à notre finitude et à l’espace infini du cosmos. 

Navarātri jour 8, Mahāgaurī

Mahāgaurī est la huitième forme de Durgā et est vénérée le huitième jour de Navaratri.

La déesse Mahāgaurī a le pouvoir de satisfaire tous les désirs de ses fidèles. Celui qui adore la déesse obtient le soulagement de toutes ses souffrances.

Mahāgaurī est représentée avec quatre bras. Sa main supérieure droite est en Abhaya Mudrā et sa main inférieure droite tient un trident. Elle tient un tambourin de sa main gauche et réalise Varada Mudrā de son autre main. Elle monte un taureau blanc et est vêtue de vêtements de cette même couleur.

Le nom Mahāgaurī signifie : extrêmement lumineux, teint pur, avec un éclat comme la lune. (Mahā = grand ; Gaurī = brillant, pur).

Elle est l’aspect nourricier de la Mère divine. Mahāgaurī est le plus bel aspect de la Devī. Elle représente la beauté et la réalisation de nos désirs matériels dans cette vie.

La déesse nous aide à comprendre nos désirs futiles et vains. Elle nous invite à les satisfaire puis à réaliser leur futilité pour enfin reconnaître notre vraie nature, au-delà de nos obsessions. D’où sa connexion avec Rāhu (avec qui elle est parfois associée).

Navarātri jour 9 – Siddhidhātrī

Siddhidhātrī est la neuvième forme de la déesse Durgā.

•Siddhi signifie pouvoir surnaturel ou capacité de méditation.
•Dhātrī signifie donneur, dispensateur.

La Devī accomplit toutes les aspirations divines et parfait le monde. Sous cette forme, Durgā est assise sur un lotus (padma) et possède quatre bras. Elle tient un padma (lotus), une gadā (masse), un cakra (disque) et un śaṅkha (conque).

Dans cette manifestation, Durgā dissipe l’ignorance (ajñāna) et accorde la connaissance nécessaire pour réaliser Brahman.

Le siddhi suprême qu’elle confère est la réalisation que seule Elle existe. Elle est la maîtresse de toutes les siddhi (perfections).

La légende : “Après la création de l’univers, Siddhidhātrī apparut et donna naissance à la Trinité : Brahmā, Viṣṇu et Maheśa (Śiva). Elle conseilla aux trois seigneurs de méditer pour comprendre leur rôle dans l’accomplissement du dharma du monde.

Sur ses conseils, les Trideva s’assirent au bord de l’océan et pratiquèrent de longues austérités (tapas). Ravie, la déesse se manifesta à eux sous la forme de Siddhidhātrī. Elle leur offrit des épouses : Sarasvatī à Brahmā, Lakṣmī à Viṣṇu et Sati/Parvatī à Śiva.

Puis, elle confia :

•à Brahmā le rôle de créateur (sṛṣṭi-kartā),
•à Viṣṇu le rôle de préservateur (sthiti-kartā),
•à Maheśa le rôle de destructeur (saṃhāra-kartā).

Elle leur donna aussi les aṣṭa-siddhi – les huit pouvoirs mystiques.”


Les 8 siddhi (aṣṭa-siddhi) :

•Aṇimā – réduire son corps à la taille d’une particule
•Mahimā – étendre son corps à l’infini
•Garimā – devenir infiniment lourd
•Laghimā – être en apesanteur
•Prāpti – obtenir l’omniprésence
•Prākāmya – réaliser tous les désirs
•Īśitva – posséder la seigneurie absolue
•Vaśitva – pouvoir de subjuguer

Aujourd’hui, nous honorons Mahāśakti – la Mère de toute création, l’origine de tout.

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